Imaginez la souffrance morale que vous endurerez au bout de 15 années passées dans l'ombre de vos aînés, meilleurs que vous. Meilleurs que vous la petite dernière qui ne bosse pas. Ou plutôt qui ne bosse pas parce qu'elle n'en a pas la motivation. Imaginez qu'en plus vos deux frères s'amusent à vous rabaisser constamment et que vos mère fait de même. Vous vous dites alors que vous avez de la chance que votre père, lui, ne le fasse pas. Mais vaut-il mieux être invisible qu'être la sous-merde ? Et dire que tous les jours, vous passez au centre équestre prétendant travailler chez une copine alors que vous donnez en réalité un coup de pouce en échange de cours d'équitation que vos parents ont les moyens de vous payer mais ne le font pas parce que vous êtes la cancre. Imaginez la vie de cette pauvre demoiselle avant qu'elle ne réussisse à obtenir la chance de sa vie, une bourse lui permettant de s'inscrire à la New Start School. À sa place, je serai sur un nuage. Pas vous ?
Mais il n'y a pas que du mal. Elle a tout de même pu goûter à de grand incontournables de l'adolescence. Elle a connu l'amitié, la trahison, l'amour et le désespoir. Elle a connu le bonheur auprès de ses chevaux préférés. Des chevaux non aimés par les autres cavaliers car trop lents. Mais elle, elle ne se contentait pas de ce qu'elle voyait. Elle ressentait leurs douleurs passées, leur grande générosité mais aussi leur grand potentiel inexploité. Alors elle les montait. En concours, elle gagnait. Quel était l'étonnement lisible sur les visages lorsque Sambath ou encore Horman Day ou Navarro gagnait une compétition devant Lucifer, la flèche ! C'était ça la vie de Livoire. Revaloriser les chevaux mal-aimés. Rapidement, quelques cavaliers la déclarèrent trop forte alors qu'ils ne lui avaient jamais prêté la moindre attention. Alors elle se délectait de les narguer. C'était ainsi.